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Dimanche 7 avril 2019
L’étonnant réveil de mines et carrières oubliées... autour de Dax
  mineculture3c2m
     

Excursion à pied et en voiture
Sortie limitée à 25 personnes Sortie complète

Repas tiré du sac

RV 1 : 7h45 – parking du Zénith de Pau côté Jaï-Alaï (voir le plan)
Contact: JV 06 33 06 62 32
Coût du covoiturage : 9€
 
RV 2 : 9h00 – Eglise Tercis : (voir le plan)
Contact: AL 06 19 36 04 38
 

Programme:

Sortie conduite par B. CAHUZAC, Université de Bordeaux 

- Visite du site de la carrière de TERCIS, un concentré de ce que l’on pourrait nommer «Valorisation de sites géologiques remarquables». Ces carrières font partie d’un vaste anticlinal diapirique, à cœur de Trias supérieur, lié à l’orogenèse pyrénéenne.
Connues depuis les Romains (éléments dans les remparts de Dax), les roches calcaires du Crétacé supérieur de Tercis ont été exploitées en carrière de 1962 à 1993 par la société des ciments Calcia.
En 2001, le site de Tercis a été choisi comme point stratotypique mondial (PSM) pour la limite entre deux étages géologiques : Campanien et Maastrichtien -71,6 M.a. Ce site, inscrit à l’INPG (Inventaire national du Patrimoine Géologique), fut classé en 2015 en Réserve naturelle géologique pour sa richesse en fossiles et sa série stratigraphique continue d’une part, et pour la présence d’habitats actuels et espèces remarquables d’autre part, comme une douzaine d’Orchidées.

- Visite de la carrière d’ANGOUME, située au nord de l’Adour, sur le flanc nord de la ride anticlinale de Tercis.
Dans la carrière, on observe une série tertiaire qui témoigne de l’évolution géodynamique du secteur par comblement progressif d’un sillon pré-pyrénéen orienté W-E: à la base, l’Eocène moyen est constitué de marnes profondes à microfaunes, poissons sélaciens, crinoïdes pédonculés, brachiopodes, coraux solitaires. Au-dessus l’Eocène supérieur, présente des faciès de plate-forme de moins en moins profonde : alternance de marnes et calcaires néritiques, passant à des calcaires assez massifs à algues, échinides, crustacés, grands foraminifères….
Une riche flore d’Orchidées a été observée, dépassant les 20 taxons
 
- Visite du Musée et du site de SAINT-LON-LES-MINES
Surprenant de trouver un gisement de lignite (en fait véritable charbon) daté du Crétacé inférieur dans ce secteur du bassin Aquitain. Après une brève approche géologique, le Musée de la mine retrace l’histoire de la mine de lignite de St-Lon depuis les débuts connus de l’exploitation au XVIIIème siècle, jusqu’à sa fermeture en 1949. Ce lignite assez pyriteux était extrait grâce à des galeries souterraines (jusqu'à - 120 m)…. Toute une histoire minière à méditer !
 

Compte-rendu de la sortie :

Nous étions 25, abrités de la pluie par le porche de l’église de Tercis, à écouter les explications enthousiastes de Bruno Cahuzac sur une tectonique landaise bousculée par un coin de Pyrénées qui s’est jadis enfoncé vers le nord, provoquant un alignement d’anticlinaux et diapirs riches en ressources minérales.
Première halte dans une zone marécageuse où des étangs sont curieusement perchés sur un point haut du relief. L’explication ne tarde pas lorsque nous découvrons les fameuses argiles bariolées rouge et bleu du Trias, qui on ici giclé avec le diapir.
Un peu plus loin, Yves Gilly fait la présentation du site des anciennes carrières, réserve régionale à haut potentiel en cours d’aménagement.
Et c’est parti pour un parcours du combattant dans une infâme gadoue qui nous aspire jusqu’aux genoux. Les courageux (ou inconscients) qui n’ont pas rebroussé chemin sont récompensés par un magnifique affleurement de mousses épaisses recouvrant le calcaire blanc du Turonien.
Plus loin, le pendage vertical des couches permet de se promener dans le temps en remontant les différentes banquettes adossées à des fronts de taille parallèles à la stratification.
Non Yves, nous ne monterons pas sur les éboulis car là où des blocs sont déjà tombés, il en tombera certainement d’autres ! Et tous ces fossiles, oursins et coquillages, et tous ces silex de toutes formes, couleurs et concentrations, resteront sur place, pour le plaisir des visiteurs qui passeront après nous...
Les choses vraiment sérieuses se situent au fond de la carrière, là où le front de taille perpendiculaire aux stratifications a permis à de minutieux géologues de décrire finement la succession des couches et de vérifier la remarquable continuité temporelle de ces dépôts marins.
Le clou de la visite est en or (quoique matérialisé ici par une stèle en marbre des Pyrénées depuis la disparition de l'original): nous avons le privilège d’admirer l’unique point de référence que les géologues du monde entier désireux de distinguer le Campanien du Maastrichtien devront impérativement utiliser. Pas la moindre discontinuité de sédimentation, tout se passe dans le même banc !
Nous contournons ensuite le front de taille et sortons de la carrière pour rejoindre l’Adour qui coule silencieusement au pied d’un énorme mur naturel : nous sommes désormais dans l’ère Tertiaire et avons franchi sans la voir la fameuse limite KT qui fut fatale aux dinosaures, mais pas que... Heureusement, Yves nous a rassurés : un jour, des travaux de terrassement créeront ici un affleurement digne de cet évènement.
Soleil (ou presque), donc repas en plein air sur la place de Tercis. On se tâte, et on décide de zapper Angoumé pour foncer directement à St Lon.
La pluie est de retour. Entassés dans le riche, mais minuscule musée de la mine, Bruno nous décrit le processus naturel par lequel, un jour, son échantillon de marne noire pyriteuse a failli s’échapper de la vitrine après avoir insidieusement attaqué le fond de sa coupelle en plastique.
Cette même oxydation exothermique de la pyrite non seulement produit de l’acide, mais provoque aussi la combustion du lignite, expliquant les photos de ces courageux mineurs en slip dans les anciennes galeries surchauffées.
Dehors, la pluie a cessé. Bruno passe en revue tous les moellons de l’église bourrés de nummulites, et hop, en route pour les vestiges du carreau de la mine.
Bien-sûr, il ne reste plus grand-chose. Et pourtant, rien de tel que de visualiser dans l’espace les dimensions plutôt modestes des ces installations, no man’s land en déshérence dont le terril a de ce fait été un jour pillé impunément, puisque n’appartement plus à personne.

Oursins et gastéropodes du Danien : télécharger l'article

Requin Etmopterus Cahuzaci : télécharger l'article

Mines de Saint-Lon-Les-Mines : télécharger les articles

 
RNRgTercis 2 copie
Carrière de Tercis
fig 1 musee mine dsc00001
Musée de la mine à St Lon
Fig.6 la mine
Mines de Saint-Lon en 1945
Fig.2 pyrite lignite
IMG 9605 copie
Orchidée Ophrys apifera
2019 04 07 TERCIS St LON AL 1 copie
Yves Gilly présente la réserve régionale des carrières
2019 04 07 TERCIS St LON AL 9 copie
Bruno Cahuzac décrit la carrière
clou d or4
Le clou d'or
PSMtercis3 copie
Le premier clou d'or
2019 04 07 TERCIS St LON AL 24 copie
"L'oeil du Hibou" sur le mur dolomitique "du Bédat" d'âge Danien (premier étage du Tertiaire). A droite se cache la limite KT
2019 04 07 TERCIS St LON AL 34 copie
Devant la fosse de culbutage, sur le carreau de la mine.