Des couleurs et toutes les nuances de gris, des noirs et des blancs, mais aussi du rouge, du rose, du vert, de l’orange, du jaune, et pour ceux qui réussiront à les voir, les reflets bleus et mauves irisés de certains feldspathoïdes. De nombreuses carrières encore en exploitation dans la région et d’autres roches venant du monde entier, ont en effet permis d’ériger et d’embellir cette ville avec cette variété impressionnante de roches d’origine sédimentaire, métamorphique, éruptive et même mantellique ! Armés de nos seules loupes, nous sommes accompagnés par deux guides Marc Blaizot et Thierry Juteau. T. Juteau est l’auteur du « SAINT SEBASTIEN Guide de Géologie Urbaine » (photo1), ouvrage précieux remis à chacun d’entre nous qui permet de ne pas louper un seul de ces « affleurements » urbains, complété par une annexe technique rédigée à notre attention (voir Annexe1). Nous déambulons dans la ville en nous arrêtant toutes les 2 minutes pour admirer les dallages riches et variés de la ville, un urbanisme qui a particulièrement bien soigné les sols et les façades, laissant peu de place au béton. T. Juteau parvient ainsi (Photo2) à nous faire visualiser les chondrodontes (bivalves genre coquille Saint-Jacques - Photo 3) posés verticalement sur le fond en position de vie, et se balançant mollement au rythme de la houle dans une mer chaude et peu profonde sous un climat tropical. Les rudistes sont très abondants (photo4) également. Chondrodontes et rudistes bordent désormais la rive droite de l’Urumea, cette ria qui nous gratifie au passage d’un joli mascaret. Continuant sur la rive droite, nous atteignons le pied de la Tabakalera (ancienne manufacture de tabac) : nous nous arrêtons devant un mur (Photo 5a) recouvert de dalles de granite à 2 feldspaths et 2 micas (Photo 5b). En route vers le Palais de Justice, nous faisons cercle pour admirer au sol un « granite porphyroïde (= à gros cristaux) orienté » qui a conservé pendant la cristallisation la direction du flux magmatique. Nous intriguons pas mal de passants à rester ainsi en cercle autour de … rien, les gens essayant de voir ce qu’il y a au milieu de notre cercle (Photo 6) et cherchant à comprendre ce que nous faisons à rester ainsi à discuter sans bouger… La façade du Palais de Justice est également recouverte de dalles d’un granite « à deux micas » et à grain très fin et très homogène. Nous retournons au bord de la ria. Le parapet aval du pont Santa Catalina (Photo 7) montre de magnifiques coraux « tabulaires » et « buissonnants » (et aussi des rudistes) du Crétacé. Les coraux sont complétement différents suivant les plans de coupe de la roche. On a soit des « bouquets », soit des assemblages de tubes très serrés quand la coupe est perpendiculaire (Photos 8a et 8b). Dans l’Avenida de la Libertad, nous admirons sur les façades, des plaques de brèches de serpentinites, fracturées et recalcifiées (des « ophicalcites »), de couleur verte à noire (Photo 9) venues d’un croûte océanique exhumée. Un peu plus loin, c’est la croûte continentale profonde qu’on peut admirer sous forme de migmatites plissées : roches métamorphiques partiellement fondues (Photo10) du fait de hautes pressions et températures. San Sebastian est aussi la ville des …rosaces : durable sur le port et composée de plusieurs types de granits et granodiorites (Photo 11) ou plus éphémère, tracée à même la plage (Photo 12) dans un grand concours de « street » ou mieux « beach art ». En direction du Mont Urgull, promontoire nord de San Sebastian, nous montons le long de l’Aquarium pour admirer les nombreux fossiles de gastéropodes (Photo 13) géants, type Nérinée. Le Mont Urgull dominé par la statue du « Corcovado » basque qui fait penser à Rio de Janeiro, correspond aux affleurements de couches dures gréseuses (Photo 14) de l’Eocène de la partie supérieure du flysch basque. Cette dureté a permis de protéger efficacement des assauts océaniques, la baie de San Sebastian, la fameuse Concha, installée dans la partie plus molle du flysch d’âge Sénonien. Nous retournons sur nos pas et longeons la promenade, le paseo, de bord de mer au-dessus de la plage de la Concha pour bientôt apercevoir le flysch basque d’âge Crétacé terminal beaucoup plus marneux (Photo 15) que sa partie paléogène. A l’extrémité ouest de la plage, le cap du Pico del Loro montre la transition Crétacé Sup et Tertiaire, la fameuse couche K/T, enrichie en iridium, mais ici enfouie sous l’eau et le sable. Tout ceci ne constitue qu’un échantillon de tous les trésors minéralogiques que T. Juteau a repérés et partagés avec nous en cette fin octobre. Magnifique promenade qui s’est déroulée sous un soleil radieux. San Sebastian est une belle ville animée et accueillante. Mention spéciale enfin pour le délicieux repas de midi au restaurant, en parte vieja, fort bien préparé et qui nous a tous régalés dans cette capitale de la gastronomie espagnole. Isabelle, Robert et Marc
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Photo 1 La bible !Photo 2 Le professeur !Photo 3 : Chondrodontes
Photo 4 : Rudistes
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